Différences et points communs
Le burnout et la dépression sont deux manifestations psychologiques courantes qui se cherchent et s’entrecroisent dans l’expression du mal être humain et psychique. Dans les deux cas, les émotions peuvent monopoliser le vécu de la personne jusqu’à transformer les expériences de plaisir et teinter d’humeur sombre le quotidien. Viennent alors s’ajouter aux émotions, des pensées fortes tournées vers le monde et vers le soi qui peuvent empêcher la personne d’avancer et de s’épanouir. Il est commun de faire l’expérience d’un burnout et d’une dépression sans pour autant distinguer où l’un démarre et l’autre s’arrête.
Sont-ils deux phénomènes distincts ou le burnout serait-il juste une forme de dépression ? Pour pouvoir répondre à cette question, il faut s’intéresser à la fois à l’histoire des troubles psychiques, à la reconnaissance des maladies et syndromes par les organismes de santé et à leurs définitions.
Qu’est-ce que la dépression ?
D’un point de vue clinique, la dépression est un état persistant d’humeur basse, accompagné de symptômes tels que troubles du sommeil et/ou alimentaire, perte d’énergie et de plaisir, baisse de motivation, irritabilité, excès de sentiment de culpabilité, perte de valorisation de soi et idées noires (envie de se faire du mal ou de mettre fin à sa vie).
La dépression est depuis bien longtemps classifiée comme une maladie de la santé mentale, c’est-à-dire une condition qui s’observe par un ensemble de signes et de symptômes dus à des causes internes ou externes et comportant une évolution. Ce trouble psychique est connu du corps médical et de la santé depuis plus d’un siècle ; pourtant, les philosophes s’y intéressaient déjà bien avant en la nommant « mélancolie ».
Qu’est-ce que le burnout ?
Le burnout est connu du monde de la santé depuis à peine une cinquantaine d’année. Il faut savoir qu’à l’origine, il servait uniquement à décrire l’état d’épuisement des professionnels de santé tels que les psychiatres et les psychologues face à la détresse de leurs patients. Petit à petit et grâce à la recherche menée par la psychologie du travail pour en identifier ses symptômes et causes, il s’est ensuite étendu à toutes les professions.
Relativement jeune, le burnout est décrit par l’Organisation Mondial de la Santé (OMS) comme un « phénomène lié au travail » et n’est, à l’heure actuelle, pas classé en tant que maladie.
Il est caractérisé par un sentiment de manque d’énergie ou d’épuisement, par une attitude de retrait, de cynisme et de négativité envers son travail, et par une perte d’efficacité professionnelle. Selon ce modèle, le burnout est au centre de l’interaction d’un contexte social et de la perception individuelle du soi et des autres au travail.
Pourquoi les distinguer ?
Il est important de bien distinguer burnout et dépression car la prise en charge thérapeutique (traitements et méthodes thérapeutiques) diffère. Alors qu’une personne souffrant de burnout pourrait aller mieux en s’éloignant de son travail (congé, arrêt lorsque prescrit) ou en ayant une conversation ouverte sur les conditions de travail et les aménagements nécessaires à son bien-être, une dépression nécessite souvent un traitement plus spécifique, voir des médicaments.
Au cours de sa consultation, le professionnel de la santé mentale va s’intéresser aux antécédents psychiatriques et psychologiques, aux facteurs de l’environnement pouvant agir sur l’état de la personne et aux ressources personnelles mises en place pour faire face à la détresse. Ces éléments sont cruciaux pour la compréhension du trouble et pour pouvoir ensuite aiguiller la personne vers les ressources nécessaires à sa bonne prise en charge.
Toujours à visée thérapeutique, la distinction entre burnout et dépression peut aider à la prévention et à la mise en place d’actes visant à protéger les personnes et à prévenir des situations. Dans le cas du burnout, bien reconnaître ce trouble à part entière permet aux entreprises d’identifier les mesures à mettre en place pour protéger leurs salariés. Par exemple, éviter les heures supplémentaires, ou les réductions de coûts humain au risque de surcharger ses salariés sont des mesures préventives. Dans le cas de la dépression, la prévention se fait beaucoup plus au niveau interne et du régime de vie personnelle de la personne.
Ensemble, le burnout et la dépression sont d’une force redoutable. Ils viennent tous les deux frapper sur les fragilités humaines et peuvent remettre en question les choix de vie de la personne ainsi que son efficacité personnelle. La relation de cause à effet reste complexe mais elle semble réciproque : un burnout peut mener à une dépression tout autant qu’une dépression peut mener à un burnout. Des pensées négatives et un épuisement émotionnel sont communs à ces deux troubles psychiques. Cependant, le burnout et la dépression se distinguent l’un de l’autre par des facteurs de risque et des manifestations de symptômes propres à chacun. A l’heure actuelle, la recherche considère qu’il s’agit de deux phénomènes distincts, même si la frontière entre un burnout sévère et la dépression peut être mince.
A propos de l’auteur
Myriam Paperman, Docteure en psychologie clinique franco-américaine. Myriam se passionne pour la prévention en santé mentale, elle est d’ailleurs l’autrice du livre « Une consultation psy sans souci » (Collection Mango Society – On en parle !) qui permet de déconstruire les barrières pour pouvoir aller consulter sereinement. Plus largement ses interventions auprès d’Eutelmed en conférence, webinar ou autres ont pour objectifs de dé-stigmatiser et rendre accessible la santé mentale pour tout le monde.