CANCER ET TRAVAIL

par | 25 février 2024

Cette actualité appartient aux catégories suivantes : Bien-être au travail

CANCER ET TRAVAIL, Prévenir la désinsertion professionnelle, préserver les forces vives de l’entreprise

 

 Pour les 3,8 millions de personnes qui vivent en France aujourd’hui avec un diagnostic de cancer, celui-ci est un évènement de vie marquant.

Au-delà de l’épreuve des traitements, le cancer touche à l’intimité profonde de la personne, au sens de la vie, parfois même à son identité. Les répercussions de la maladie se déclinent en termes de santé physique, mentale, émotionnelle et dans tous les domaines de vie et notamment la vie sociale et professionnelle de la personne.

En 2020, l’Institut national du Cancer (INCA) a estimé le nombre de nouveaux cas de cancer diagnostiques à 400 000 pour l’année et 160 000 ont été diagnostiquées alors qu’elles étaient en activité. Outre les personnes qui sont touchées directement par la maladie, celle-ci a des répercussions sur les familles puisque l’on compte 3 millions d’aidants soit une famille sur 3 touchée par le cancer.

 

 Les conséquences professionnelles des arrêts de travail

Les salariés atteint de cancer font souvent l’expérience d’arrêts de travail de longue durée qui ont des conséquences sensibles sur leurs trajectoires professionnelles.
Des études montrent que plus les arrêts maladies sont longs, plus le retour est difficile. Les arrêts de plus d’1 mois augmentent les risques d’être au chômage, ou inactif l’année suivante. Selon l’INCA 20 % des 18 – 54 ans en emploi au moment du diagnostic ne travaillent plus 5 ans après. Afin de prévenir ce type de décrochage, il est donc important que le salarié ne passe pas trop de temps coupé de l’entreprise et soit accompagné pour favoriser son retour.

Dans ces conditions, des entreprises de plus en plus nombreuses s’engagent pour aider leurs collaborateurs atteints de cancer.

 

Garder le lien, anticiper et préparer le retour du collaborateur

Lors de l’arrêt provoqué par la maladie, le contrat de travail est suspendu. Il ne reprend que lorsque la médecine du travail qui évalue l’état de santé du salarié donne un avis d’aptitude.

Cependant, durant l’arrêt, les membres de l’entreprise qu’ils soient RH, manager, collègues peuvent se rapprocher de la personne dans la mesure où cela est fait avec discernement et bienveillance.

Lors de la prise de contact, ils peuvent être confrontés à des réactions variables selon les personnes malades, leur situation personnelle et professionnelle. Elles font face à une épreuve de vie qui véhicule des émotions fortes et vitales, de nombreux sentiments parfois contradictoires (besoin de se concentrer sur la maladie et les soins, envie de rester en lien, peur de perdre son emploi, sentiment de culpabilité etc…).  L’important est de respecter la volonté du collaborateur, de tenir compte de ces besoins qui vont d’ailleurs être différents, tout au long de l’évolution de la maladie, des traitements et des perspectives de rémission.

Demander des nouvelles, s’informer directement ou via les collègues est une démarche qui envoie un signal positif à la personne : on ne l’oublie pas, elle fait encore partie de la société.

 

Lorsque traitement et travail peuvent être compatible

Les progrès des protocoles de soins et des traitements viennent apporter de nouvelles solutions pour les collaborateurs qui souhaitent rester en poste pendant les traitements.

Lors de la prise en charge, le médecin oncologue explique, argumente le projet thérapeutique au patient. Dans certains cas, un maintien en poste avec des aménagements peut être discuté et décidé par le patient avec l’accord du médecin.

Il est conseillé qu’un dispositif d’aménagement soit mis en place avec le support de la médecine du travail.

Parfois, le patient peut décider de ne pas informer son entreprise ou de réserver cette information a une personne qui partage le secret. Néanmoins, cette attitude peut l’amener à des situations d’épuisement pouvant s’avérer néfaste à la rémission et à la convalescence. Elle génère aussi des incompréhensions des autres collègues par rapport à des changements non compris dans l’attitude et les performances de la personne en traitement.

Si le maintien en poste pendant les traitements devient une option possible favorable, celui-ci doit se faire dans un esprit de co-construction et de communication entre l’équipe soignante, la personne en traitement et les parties prenantes de l’entreprise.

 

Accompagner le retour, s’inscrire dans la durée

Le salarié peut bénéficier de dispositifs d’aménagements thérapeutiques, organisés avec les médecins du travail, qui leur permettent de revenir à leur rythme au sein de l’entreprise. Ce retour progressif permet de prendre en compte la fatigue, les trouble de concentration, de mémoire souvent observés et les autres conséquences de la maladie tout en essayant de réduire le décalage qui se fait avec le monde professionnel.

La préparation du retour du collaborateur passe par la mise en relation du manager avec les autres acteurs de l’accompagnement (service médical, assistance sociale, RH…).

Cette préparation consiste à organiser les éventuels aménagements thérapeutiques proposés par le médecin du travail, repenser l’organisation de l’équipe pour gérer la charge de travail, définir des taches et des objectifs réalistes donnés au salarié et les réadapter jusqu’à la reprise à temps complet.

Lorsqu’elle revient, la personne a besoin de signes d’acceptation, de manifestations d’intérêt et de connivence de la part du manager et de l’équipeLe manager doit l’accueillir, l’écouter, lui donner la parole pour qu’elle exprime sa situation, ses motivations et difficultés. Il doit aussi à la fois l’encourager et lui laisser le temps de l’adaptation et du rétablissement et ce n’est pas toujours chose évidente. Le manager n’est pas souvent formé et préparé à cela, il n’a pour référence que son expérience de vie et son désir de faire au mieux.

 

En France, plus de la moitié des patients sont en vie à 5 ans après le cancer et les taux de guérison s’améliorent considérablement. Ces progrès substantiels font que les personnes traversant la maladie sont en mesure de reprendre le cours de leur vie personnelle et professionnelle. L’entreprise a une place importante à jouer pour réintégrer les collaborateurs et faire qu’ils puissent retrouver leur place et leur valeur contributive, humaine et économique (Plan Cancer 2021-2030).

Eutelmed est aux côtés des entreprises pour les aider à mettre en place des accompagnements spécialisés pour les collaborateurs et les managers, des formations ou du coaching afin que tous ceux qui sont concernées puissent s’engager collectivement pour favoriser le retour et le maintien en emploi.

A propos de l’auteur
Annick DULION, Docteur en pharmacie, coach professionnelle de santé, experte en rétablissement auprès des entreprises et en centre de santé intégrative.

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