Un « psy » ? Oui mais lequel ?

par | 26 avril 2018

Cette actualité appartient aux catégories suivantes : Bien-être perso

Bien que le sujet de la santé mentale soit moins tabou, et que les personnes hésitent de moins en moins à faire appel à des professionnels pour traiter leurs problèmes de santé mentale, il existe encore des confusions sur les professionnels et spécialistes du secteur. Cette confusion est particulièrement répandue dans la région ou j’habite, en Europe de l’Est, où beaucoup de gens, encore aujourd’hui, pensent que le soin psychiatrique et/ou psychologique n’est nécessaire que lorsque l’on est atteint de graves troubles mentaux et un individu n’irait pas consulter un professionnel de la santé mentale à moins d’être  » fou « .

Avec cet article, j’aimerai apporter un éclairage sur les professionnels reconnues, à votre disposition dans le champ « psy ». Cela ôtera peut-être certains doutes que les lecteurs pourraient avoir.

 

Le psychiatre

La psychiatrie est la branche de la médecine qui traite de la santé mentale. Un psychiatre est donc obligatoirement un médecin, spécialisé dans la santé mentale. Ce médecin s’occupe du diagnostic, de la prévention et du traitement des pathologies ou maladies mentales.

Des trois professionnels qui sont présentés ici, le psychiatre est le seul qui puisse prescrire des médicaments à ses patients. Les psychiatres peuvent parfois proposer des psychothérapies. Bien que le stéréotype le plus courant sur les psychiatres est qu’ils soient  » aussi fous que leurs patients « , cette branche de la médecine, et le travail qu’il engendre, est extrêmement complexe. Le travail du psychiatre au sein d’une institution de santé est hautement exigeant and stressant. Cela implique un travail quotidien auprès de personnes souffrant de troubles mentaux souvent sévères, avec des manifestations parfois imprévisibles et qui peuvent affecter le patient physiquement.

Les personnes souffrant de troubles mentaux ne sont souvent pas entièrement capables de comprendre ou d’expliquer ce qui leur arrive, et il en est de la responsabilité du psychiatre de diagnostiquer la nature de leurs maladies et de mettre en place un traitement approprié. La tâche est complexe, sachant qu’il n’existe que peu d’examens ou tests physiques à effectuer, et qu’une grosse partie du diagnostic est basé sur l’observation du patient et sur les entretiens. Chaque psychiatre peut se référer à un ouvrage qui s’appelle le DSM (« Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders « ), décrivant les symptômes de tous les troubles mentaux connus, ou à l’ ICD (« International Classification of Diseases ») établit par l’Organisation Mondiale de la Santé.

 

Le psychologue

La psychologie est la science qui étudie entre autres les processus de perception, de l’attention, de la pensée, de l’émotion, de l’intelligence, du comportement, et bien d’autres aspects de la personnalité humaine. A cause de ce large spectre d’étude, la psychologie s’applique à des environnements aussi différents que le monde de l’entreprise, du sport, de l’éducation, des hôpitaux, des aspects médico-légaux, etc.
En effet, la psychologie peut être appliquée théoriquement à n’importe quelle partie de la société et à tous les êtres humains, et beaucoup d’entre nous ont déjà été le sujet de tests psychologiques au moins une fois. Une visite chez un psychologue est donc entièrement indolore, et peut même être un plaisir si vous appréciez d’apprendre et de découvrir de nouvelles choses sur vous-même.

Il est vrai que les psychologues  » analysent  » les personnes, mais cela ne veut pas dire – comme certaines personnes l’assument souvent en société – qu’ils peuvent expliquer une personnalité ou deviner les pensées et sentiments des personnes qui les entourent. Les tests psychologiques se déroulent normalement dans un environnement professionnel et suivent des procédures scientifiques strictes. Une visite chez un psychologue comprend généralement un entretien de découverte, suivi d’un ou deux tests utilisés pour arriver à l’évaluation souhaitée, évaluation pouvant varier de l’orientation professionnelle à l’examen clinique. Les tests psychologiques sont nombreux, suivant les institutions et l’objectif de l’examen.

La plupart des tests psychologiques ne donnent pas de réponses correctes ou fausses : tout dépend de la perception de l’individu, de son expérience personnelle, de sa culture et des facteurs subjectifs tel que l’humeur du moment. Les réponses sont ensuite comparées à des données statistiques pour détecter certains troubles ou des processus subconscients que le sujet ignore ou dont il ne souhaite pas discuter ouvertement.
Pour faire court, les psychologues s’occupent d’étudier la personnalité humaine à différents niveaux, dans divers contextes et dans beaucoup de secteurs d’activités professionnelles différents. La différence entre un psychologue et un psychiatre est que bien qu’ils se réfèrent tous deux au DSM ou au ICD et utilisent une grande variété de tests, le psychologue n’est pas un médecin et donc ne rédige pas d’ordonnance. Le psychologue est souvent également formé à la psychothérapie.

 

Le psychothérapeute

La psychothérapie est une partie de la psychologie clinique où le seul outil utilisé est la parole ou interaction verbale avec le client. Contrairement aux psychiatres, les psychothérapeutes ne diagnostiquent pas de trouble psychique ou ne prescrivent pas de médicaments. Ils n’utilisent pas non plus de tests  » standards  » comme les autres psychologues.
Certains psychothérapeutes, comme moi, ne nomment pas les personnes qui viennent les voir des  » patients « , mais des  » clients « , ce qui accentue une relation d’égal à égal entre le thérapeute et la personne qui recherche de l’aide. Quand des clients viennent voir un thérapeute, ils ne viennent pas pour un examen clinique, comme avec un docteur, mais pour une séance thérapeutique. Une telle  » séance  » dure entre 50 et 60 minutes et se répète généralement toutes les semaines à la même heure et dans un même lieu pour assurer la continuité du suivi.

La première tache du thérapeute est d’établir une relation ou alliance dites thérapeutique fonctionnelle avec son client. Une fois cette relation établie, le thérapeute travaille, dans une proche collaboration avec son client, à résoudre le problème qui l’a amené à le consulter. Les psychothérapeutes approchent et traitent chaque personne comme un individu unique.
La psychothérapie est une branche de la psychologie qui a elle-même ses propres branches et sous-divisions. En voici quelques exemples :

  • La thérapie psychodynamique. C’est le nom contemporain de la psychanalyse, dont les gens ont souvent entendu parlé. Cette forme de thérapie, dont Sigmund Freud est le pionnier, se centre sur la mémoire et les expériences de la petite enfance du patient, les instincts subconscients et la relation à la famille primaire (parents-enfants), traitée elle-même comme point de référence de toute autres types de relations que l’individu va former durant son existence. La thérapie psychodynamique n’a pas un nombre de séance prédéterminé et peut durer jusqu’à plusieurs années.
  • La thérapie cognitivo-comportementale ou TCC est une thérapie qui traite de la cognition (l’ensemble des processus mentaux comme la mémoire, la perception, le langage, etc.), du comportement, des raisons pour lesquelles certaines pensées nous conduisent à agir d’une certaine manière (ex: la peur des araignées/une pensée – qui déclenche la fuite/un comportement), et enfin de comment en changeant son comportement dans une situation donnée nous pouvons changer notre manière de penser et vice versa. La TCC est ce que l’on appelle une thérapie brève, elle cible une problématique spécifique et utilise des objectifs et des programmes spécifiques pour les résoudre. Cette forme de thérapie prend ses origines dans la psychologie cognitive. Elle utilise des tests substantiels, et est donc considérée comme étant la plus  » scientifique  » des psychothérapies. Son efficacité peut être mesurée par la passation de tests en début et fin de thérapie. Pour ces raisons, la TCC se passe par bloc de 6 ou 12 sessions et peut être prise en charge par le régime général de santé de plusieurs pays, au Royaume-Uni notamment. La TCC est très utile dans le traitement de certains troubles spécifiques comme certaines phobies ou troubles obsessionnels compulsifs, pour lesquels le problème majeur est précisément une pensée obsessionnelle suivi de comportement(s) compulsif(s) lié(s) à cette pensée. La TCC est aussi très aidante pour les patients dépressifs sévères dont le fonctionnement quotidien (le sommeil, l’alimentation, l’hygiène) est affecté et où une modification du comportement est requise avant de transférer le client vers un type de thérapie traitant des causes de la dépression elles-mêmes.
  • Les thérapies humanistes (centrée sur la personne, existentielle, la Gestalt etc.) Ici le travail du psychothérapeute est d’accompagner son client à se (re)découvrir, à s’écouter afin qu’il puisse faire ses propres choix de manière éclairée. La personne va chercher à verbaliser et analyser ce qui se passe dans l’ici et maintenant, c’est à dire dans le cabinet, puis d’appliquer ces conclusions ou observations aux autres relations de la vie du client.

Il y a beaucoup d’autres branches dans la psychothérapie comme l’hypnose, les arts thérapies, la thérapie systémique, mais la plupart s’inscrivent dans les trois principales méthodologies décrites au-dessus. Ma propre approche, connu sous le nom de psychothérapie intégrative, combine les méthodes et théories de ces trois formes de thérapies, en les déployant selon les besoins de chaque client et en fonction de la situation. De mon point de vue, le plus important dans la thérapie est de créer une bonne relation thérapeutique avec le client, ce qui veut dire lui offrir un espace sécurisé et confidentiel dans lequel les deux participants puissent parler de tout confortablement, mêmes des choses les plus intimes. Dans ce contexte, il est d’une importance capitale que le client sache que je ne le jugerai pas, peu importe ce qu’il dit en thérapie, et enfin que tout ce qui est dit en thérapie restera en thérapie.

 

L’empathie

Un autre concept clé dans toutes les formes de psychothérapie est l’empathie. L’empathie diffère de la  » sympathie « , qui laisse transparaitre un sentiment de peine, voire de pitié face au malheur d’une personne. Alors que l’empathie est la capacité à comprendre et à partager les sentiments d’une personne, de se mettre à sa place, tout en restant un observateur extérieur. L’empathie nous permet de percevoir les autres d’une manière plus humaine et sans jugement. C’est la compétence essentielle nécessaire à tous les psychothérapeutes, et que chaque psychothérapeute cherche à transmettre à ses clients. Etre empathique envers soi-même – c’est-à-dire ne pas se juger par rapport à certaines actions et décisions faites dans le passé, basé sur la connaissance et la compréhension passées – peut être la clé pour surmonter de nombreux problèmes psychologiques.

 

L’idée principale de cet article n’est pas de se focaliser sur la recherche ou d’en avoir une lecture spécialisée mais de présenter les méthodes les plus communes en santé mentale. Au fond, je souhaite vous donner une vision de ce domaine dans des termes simples qui puissent être entendu par tout un chacun. J’espère que cela permettra de clarifier le travail important du professionnel de la santé mentale et d’encourager les personnes qui en ressentent le besoin à demander de l’aide.

 

Nadia Zivkovic-Nikitin, auteure de cet article, est psychologue clinicienne du réseau Eutelmed depuis 2017. Elle a étudié, vécu et travaillé en France et au Royaume-Uni avant de revenir chez elle, en Serbie. Nadja est une thérapeute intégrative, ce qui signifie qu’elle combine différentes approches cliniques telles que les thérapies humanistes, psychodynamiques ou cognitivo-comportementales. Elle consulte en anglais et en serbo-croate. En savoir plus sur Nadja.

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